Elle a accepté que je l'interviewe.
En écoutant l'interview, on sent que la vie de Joce est peu riche et très monotone : elle s'articule entre son appartement, dans la ZUP, et son travail à l'hôtel, qui lui prend tout son temps, toute son énergie, lui interdisant toute vie sociale et tout divertissement en dehors de "sa télé".
Le seul lieu extérieur dont elle m'aie parlé au cours de l'interview est cet étang, où elle va parfois pique-niquer avec ses neveux. Lorsqu'elle l'a évoqué, j'ai eu le sentiment que c'était la seule chose qui la rendait vraiment heureuse et mettait la routine entre parenthèses.
J'ai décidé d'illustrer sa voix avec cette image comme si la caméra lui offrait la possibilité de sortir, de s'évader, de prendre l'air. Son discours manifeste une rage, une lassitude, une souffrance énorme. Et parallèlement, l'image nous emmène dans un contexte apaisant, de détente, de repos ; le coucher de soleil en juin, au bord d'un lac, en bordure de la zone urbanisée.
Toutefois, dans un coin du cadre de l'image, la présence de l'immeuble HLM, imposant, écrasant (on peut imaginer que Joce vit là) nous ramène toujours à cette vie "de galère". Il nous rappelle que, bien que ce soir il fasse beau et que les gens se détendent au bord de l'eau, dés demain, à six heures, Joce se lèvera encore dans la colère et la souffrance de son quotidien.